Europe

MEDEF International, rencontre avec Alexandre Gellé

    Le Medef Alsace aime à partager avec ses membres, ses lecteurs et les chefs d’entreprises d’Alsace, un regard qui se place parfois au-delà des frontières. La découverte de MEDEF International s’imposait. Entretien avec Alexandre Gellé, Chef de Projet Ville Durable à MEDEF International.

     

    Medef Alsace : Alexandre Gellé vous êtes Chef de Projet Ville Durable à MEDEF International. Certaines entreprises ne connaissent pas encore la structure. Comment la décrieriez-vous ?

     

    Alexandre Gellé : MEDEF International est une association qui permet depuis 30 ans aux entreprises françaises - TPE, PME, ETI et grands groupes confondus - de tout secteur d’activité d’accélérer leur développement à l’international par la mise en relation avec les décideurs publics et privés des pays émergents et en voie de développement. Notre spécificité est de créer des réseaux d’entrepreneurs qui permettent à l’entreprise de trouver des réponses opérationnelles et de créer des passerelles formidables en encourageant le partage d’expérience. Quand on sait que 40 % de l’export français est réalisé par 100 entreprises, il est indispensable de pouvoir se lancer à l’international en équipe.

     

    Medef Alsace : Les chefs d’entreprises alsaciens aiment le concret. Avez-vous des données chiffrées à leur transmettre sur l’action de l’association ?

    Concrètement, nous organisons chaque année 180 rencontres en France avec les chefs d’état, chefs de gouvernement, Ministres, maires de grandes villes, chefs d’entreprise étrangers ou dirigeants d’institutions financières internationales ainsi qu’une vingtaine de délégation business dans le monde à la rencontre des décideurs locaux. Au total, ce sont près de 7000 dirigeants d’entreprises françaises qui peuvent échanger chaque année plus de 1000 décideurs étrangers sur 150 pays couverts. La finalité de ces actions : permettre à nos entreprises de rencontrer les donneurs d’ordres étrangers, en particulier des pays émergents, pour identifier, saisir et gagner des projets concrets. 

     

    Medef Alsace : MEDEF International s’investit aussi dans le développement et l’action encore des pays émergents et en voie de développement. Il s’agit là potentiellement de futurs marchés pour nos entreprises. Quels exemples vous viennent à l’esprit ?

     

    Alexandre Gellé : Le marché français représente tout au plus 3 % du PIB mondial et moins de 1 % de la population mondiale. Le PIB mondial et notamment celui des pays émergents croît bien plus rapidement que le PIB français ou européen sous les effets de la démographie ou de la diffusion des technologies appliquées à l’ensemble des secteurs économiques. S’intéresser aux marchés émergents et en voie de développement semble donc indispensable pour bénéficier de relais de croissance et donc de débouchés économiques. De manière pragmatique, les pays utilisant la langue française dans les affaires peuvent être considérés comme plus aisés. Deux pays tendent à commercer davantage (65 % de plus) lorsqu’ils partagent une langue. Ces pays peuvent partager avec nous un droit continental qui s’inspire du droit français, ce qui peut faciliter une première approche. Le commerce sur un même fuseau horaire avec l’Afrique, l’Eurasie ou le Proche et le Moyen-Orient est également parfois plus facile à mettre en œuvre dans un premier temps.  Pour faire le lien avec la ville, le vivier d’opportunités que représentent les émergents est colossal. En Afrique par exemple, il faudrait 40 milliards d’euros chaque année pour relever le défi de la transition urbaine durable. MEDEF International se fait donc le trait d’union opérationnel entre les entreprises et ces opportunités.

     

    Medef Alsace : Le prochain sommet Afrique-France se tiendra en 2020 sur le thème de la ville durable et sur fond d’une démographie exponentielle du continent. Quels sont les enjeux pour nos entreprises et leurs salariés.

     

    Alexandre Gellé : Aujourd’hui, l’équation urbaine africaine est assez simple. En 2019, l’Afrique représente 1 milliard d’habitants et 500 millions d’urbains. Dans trois décennies, ces chiffres atteindront 2,5 milliards pour le premier et près de 1.5 milliards pour le second. Les populations urbaines vont donc tripler ! C’est un défi simplement jamais rencontré dans l’Histoire. Cela doit être vu par les entreprises comme une opportunité pour construire, dans une démarche partenariale avec les écosystèmes locaux (entrepreneuriaux, gouvernements locaux) africains, des solutions nouvelles, innovantes et adaptées.

     

    Or, les entreprises françaises bénéficient d’une réelle aura et l’expertise française dans sa globalité est fondamentalement différenciante de toutes les offres étrangères : exhaustivité de l’offre sur tous les segments de la ville, savoir-faire public-privé, offre compliant avec des processus exigeants de marchés publics, intégration de l’enjeu crucial de formation, adaptabilité de l’offre avec l’existant et la donne locale, notamment sur le sujet de l’habitat informel (une réalité qui recouvre 50% de la population urbaine et qui représente en soi une économie dans laquelle certaines entreprises s’engagent). Jouer collectif pour porter des offres globales de la ville en apportant des solutions qui répondent à des problématiques très locales est une condition sine qua non de réussite pour gagner des marchés.

     

    Nombreux aujourd'hui sont ceux qui tiennent un discours similaire, mais force est de constater qu’il est nécessaire de créer les liens nécessaires entre les entreprises et les écosystèmes locaux africains. Il faut donc passer ensemble à des travaux opérationnels pour le Sommet 2020 en respectant les écosystèmes locaux africains et en travaillant sur l’amont : financements des projets, formation des opérateurs locaux privés, renforcement des gouvernances territoriales, mais aussi clarification du cadre juridique et des marchés publics. Sans cela, nos entreprises rateront probablement le coche pour participer à la réussite de la transition urbaine africaine de manière durable.

     

    Medef Alsace : La ville durable, parlez-nous en aussi …

     

    Alexandre Gellé : De notre point de vue, la ville n’est durable que si elle est inclusive.

     

    Inclusivité environnementale bien sûr. Cela fait référence à la thématique des villes décarbonées qu’il nous faut savoir bâtir dans le cadre des Objectifs du Développement Durable (parmi les 17 ODD fixés par l’ONU, le numéro 11 est dédié à la ville). C’est aussi faire en sorte que les villes soient de plus en plus résilientes face aux aléas climatiques chaque fois plus nombreux et puissants.

     

    Inclusivité économique également. La ville est un pôle économique qu’il faut savoir rendre attractif. Créer de l’emploi et de la valeur, combattre l’exclusion sociale, favoriser des mobilités inclusives, réussir la transition numérique… sont autant de sujets qui y participent.

     

    Inclusivité sociale enfin. La ville intelligente est avant tout un territoire de services et d’usages qui répond aux besoins fondamentaux de ses habitants. Le souci répété de rendre la ville accessible à tous ses résidents et de faire de l’usager le point de convergence des décisions participe à la construction de villes plus aimables, plus vivantes et résolument servicielles.

     

    Sans ce triptyque fondamental, nous aurons déployé des montagnes d’énergie pour des échecs retentissants (pensons notamment aux villes nouvelles fantômes qui fleurissent en Afrique à l’instar de Nova Cidade de Kilamba en Angola) et nous pourrions être confrontés à de sérieux problèmes sociaux, migratoires et climatiques.

     

    Medef Alsace : Retour en Alsace. Quels services, quels soutiens pouvez-vous assurer à une entreprise membre du Medef Alsace, présente à l’International ou souhaitant y trouver de nouveaux débouchés ?

     

    Alexandre Gellé : Les entreprises membres du Medef Alsace sont les bienvenues aux actions organisées par MEDEF International ! En prenant part à ces actions collectives, elles pourront s’insérer dans un dispositif résolument opérationnel constitué d’autres entreprises compétentes à l’international pour affiner leur stratégie à l’international, enrichir leurs réseaux publics et privés internationaux, renforcer leur notoriété, valoriser leurs offre sur les marchés et remporter de nouveaux contrats dans le monde !