Selon la première estimation du Département du Commerce américain, le PIB des Etats-Unis a enregistré une croissance de +3,2% au premier trimestre 2019 (rythme annualisé et corrigé des variations saisonnières) après +2,2% au quatrième trimestre 2018. Cette estimation est supérieure à ce que prévoyaient les analystes (+2,0%), ces derniers ayant surestimé les effets de la fermeture provisoire de l’Administration fédérale en début d’année (shutdown), des tensions commerciales et de la chute des marchés financiers en décembre.
Dans le détail, il est intéressant de constater que l’accélération de la croissance ne s’explique pas, comme c’est habituellement le cas, par la demande intérieure. Les dépenses de consommation, principal moteur de l’économie américaine, ont en effet ralenti (+1,2% contre +2,5% au trimestre précédent) dans le sillage notamment des mauvaises conditions climatiques qui frappent le pays durant l’hiver et de la dégradation du moral des ménages. L’investissement des entreprises a décéléré (+2,7% après +5,4%) du fait principalement du coup de frein des investissements en biens d’équipements dont le rythme de croissance (+0,2%) s’est établi à un plus bas depuis le troisième trimestre 2016.
L’accélération de la croissance américaine trouve en fait son origine dans le net rebond des dépenses publiques (+2,4% après -0,4%) ainsi que dans la réduction du déficit commercial américain. Les exportations ont effet accéléré (+3,7% après +1,8%) tandis que les importations se sont nettement réduites (- 3,7% après +2,0%) traduisant l’entrée en vigueur de droits de douanes décidés par l’administration Trump sur des produits chinois en début d’année 2019. Cette réduction du déficit commercial pourrait néanmoins être perturbée en raison de la suspension des livraisons de Boeing 737Max effective depuis la mi-mars.
Ce démarrage en trombe (Donald Trump a évoqué « un chiffre incroyable ») ne doit néanmoins pas masquer un certain nombre d’éléments qui pousse le consensus à anticiper une décélération de l’activité pour 2019 : (i) il est essentiellement dû à des facteurs temporaires ; (ii) la demande intérieure est ralentie et pourrait le rester à mesure que les effets de la relance budgétaire s’estompent ; (iii) les entreprises ont constitué de nombreux stocks, signe qu’elles pourraient réduire leur production dans les mois à venir ; (iv) enfin comme souvent, les premières estimations de croissance donnent lieu à de fortes révisions dans un sens comme dans l’autre.
Les dernières prévisions disponibles inscrivent un ralentissement de l’activité américaine pour les deux années à venir : en 2019, le PIB enregistrerait une croissance comprise entre +2,1% à +2,6% (contre +2,9% en 2018).